La presse en parle à Castelnau-Montratier

ACTU LOT – LA VIE QUERCYNOISE N°4014 DU JEUDI 20 OCTOBRE 2022

Après avoir ouvert un cabinet à Cahors, Sandrine Binard en ouvre un second à Castelnau-Montratier, dans le Lot, autour des thérapies post traumatisme.

Un superbe article de Marie-Francoise PLAGES

https://viewebcastelnaumontratier.wordpress.com/2022/10/24/castelnau-mtier-ouverture-dun-cabinet-traumapro/

Nouvelle adresse depuis Novembre 2023 : 10 avenue foch, au centre médico-sociale de Castelnau-Montratier.

A Castelnau-Montratier dans le Lot, l’anthropologue comportementaliste, Sandrine Binard, vient d’ouvrir un deuxième cabinet TraumaPro. Le 1er ouvert à Cahors, la praticienne a souhaité l’ouverture de celui-ci afin d’aider dans l’accompagnement thérapeutique post-trauma offrant ainsi un service spécialisé en milieu rural, en adéquation avec ses convictions de l’aménagement du territoire.

Du chef d’entreprise au SDF

Munie d’un Magistère Aménagement de l’école Polytech’Tours (CESA) et d’un Master/DEA de l’École Doctorale des sciences de l’homme et de la société de Tours, Sandrine Binard accompagne depuis plus de 20 ans, la médiation et l’organisation opérationnelle des programmes de politiques publiques en développement économique, développement durable et insertion sociale.

Du chef d’entreprise aux personnes sans domicile fixe, l’anthropologie comportementale comme science du vivant permet de soutenir des projets d’associations, d’entreprise et de territoires.

thérapie reconstructive psychocorporelle

Spécialisée dans la thérapie reconstructive psychocorporelle c’est à la suite d’un traumatisme de choc, l’attentat de 2012 à Toulouse sur l’école juive, que Sandrine Binard s’intéresse à une discipline, pas encore très répandue en France, la Somatic Experiencing de Peter Levine. Cette discipline devient alors complémentaire de tous ses acquis et une base essentielle des séances qu’elle propose.

Actu : Comment avez-vous découvert la Somatic Experiencing ?

Sandrine Binard : Il était important pour moi de comprendre en tant qu’anthropologue pourquoi certaines personnes étaient résilientes (résistantes aux chocs). Comment elles arrivaient à rebondir après un choc traumatique et pourquoi d’autres n’y arrivaient pas. De par mes études, ma curiosité en ce domaine a été grande. Donc je suis allée chercher, j’ai approfondi, suivi énormément de conférences, de formations. Puis, lors d’une conférence, un intervenant a parlé de la Somatic Experiencing de Peter Levine. Dans cette discipline-là, ils ont une manière différente, par rapport à ce que l’on connaît, d’aborder les traumatismes, les blessures et les chocs des gens et d’amener à la résolution.

Par exemple, quelqu’un qui vit un attentat, comme ça a été le cas en 2012 à Toulouse, va le vivre en fonction de son passé. Si dans son passé des choses n’ont pas été résolues, il va alors avoir beaucoup plus de difficultés à le vivre et à le résoudre dans le présent. C’est pourquoi nous avons cette différence entre les gens qui vont se sentir blessés, qui vont avoir des émotions, et des gens qui vont s’écrouler, s’effondrer, aller en dépression.

Quand avez-vous découvert cette discipline ?

S. B. : C’est entre 2012 et 2015. J’ai décidé de me former durant 3 années à la discipline de Somatic Experiencing, au centre de formation du traumatisme. C’était 3 années incroyables de découvertes. Tout est dans le système nerveux du corps. Notre corps a des blessures profondes que l’on ne voit pas, que l’on ne conscientise pas. Par contre lui le sait et il l’exprime d’une manière ou d’une autre.

Parce qu’en fait ça réveille des blessures anciennes de manière inconsciente ?

S. B. : Oui, cette capacité à aider et à résoudre ces traumatismes anciens, je trouve ça vraiment intéressant. On arrive à aider les gens à sortir de leur situation de déprime, de difficultés… En fait, on est dans une discipline qui est entre le croisement de la psychothérapie et le psychocorporel où on va toucher au corps et plus particulièrement au système nerveux, et toute la gestion émotionnelle.

Cela se traduit donc par des gestuelles, des tics ?

S. B. : Exactement. On va avoir l’expression corporelle qui va se mettre en mouvement, qui va se montrer, lorsque notre système nerveux n’arrive plus à être stable. Donc s’il s’énerve suite à une situation, soit il arrive à s’équilibrer et il gère bien la situation soit il monte en colère, en énervement, en peur, en sensation de culpabilité et il n’arrive plus à se contrôler. C’est dans ces moments-là que l’on sait que le système nerveux n’a pas résolu un problème du passé.

C’est une discipline très pointue, très spécifique. On travaille vraiment sur ce qu’on appelle les gestes ou les mouvements involontaires du système nerveux qui donnent une information au corps et le corps va faire un mouvement particulier. C’est ce que l’on piste pendant la séance et on va chercher pourquoi il fait ça.

Suite à un traumatisme qui vient vous consulter ?

S. B. : Il y a deux types de public : celui qui a reçu des traumatismes de choc (accident de voiture, au travail, une chute, une agression…) des chocs physiques. Ces traumatismes-là, le système va se verrouiller, il a besoin plus tard de se déverrouiller pour pouvoir s’apaiser. Puis le 2e type de public concerne les traumatismes de développement. Là on est dans des chocs répétés comme par exemple dans le temps de l’enfance (des parents toxiques, des violences intrafamiliales, harcèlement…). Il y a un effet récurent qui blesse et à force de blessures créer un traumatisme. On travaille différemment sur les deux mais on utilise les mêmes procédés pour aider le système nerveux.

Comment se passe une séance ?

S. B. : À la différence des psychologues, la personne ne me raconte pas toute son histoire mais fait des évocations. On regarde alors ce qui se passe au niveau corporel autour d’une discussion de style questions-réponses. L’accompagnement lors d’une séance permet de rééquilibrer le système nerveux en détectant l’endroit où les émotions ont été très complexes. Ainsi on va aller résoudre un vieux problème qui traîne. C’est pourquoi des fois les personnes viennent avec un problème en pensant que c’est le cœur ou le nœud de ce souci mais en fait il y a un autre problème bien caché et c’est que l’on va aller défaire. C’est un échange entre le psychocorporel et le coaching. Ma pratique vise la résolution du traumatisme et les pistes d’apprentissage de tout ce qui n’a pas pu être appris à cause du traumatisme. C’est un vrai accompagnement.

Vous organisez également des ateliers en groupe ?

S. B. : Ce sont des groupes de parole, où l’idée est de partager des histoires avec d’autres personnes qui ont le même parcours. Ils se déroulent autour de 6 à 8 personnes maximum. C’est surtout pour les femmes qui en ressentent le besoin, qui ont besoin de prendre soin d’elles, qui ont besoin de se reconstruire après une période difficile de la vie. Le fait d’être à plusieurs amène deux éléments : de se dire qu’on n’est pas tout seul, et la bienveillance de groupe. Les sujets qui sont abordés font partie d’un programme qui a été établi pour des personnes qui ont été victimes d’un harcèlement, d’un pervers narcissique, d’une relation toxique…

Prochain atelier, samedi 29 octobre 2022, de 14 h à 17 h, est sur question de savoir dire non et pourquoi ? Tout reste confidentiel.

Contact et renseignements : 06 33 10 15 71. www.anthropologie-comportementale.com/blog/

© M-F PLAGÈS

Sandrine Binard dans son cabinet à Castelnau-Montratier dans le Lot. (©Actu Lot / MFP)